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Kangni Alem
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Sensible à l'idée du regard porté sur l'autre à travers le prisme de nos histoires communes, Bernard Brisé a élaboré cette série « Lomé / Paris » lors de deux résidences artistiques menées avec l'association Filbleu, la Commission nationale de la francophonie et l'Institut français du Togo. Bernard Brisé associe sur une même photographie une personne ou un groupe de personnes réelles à une image d'Épinal, une sorte de carte postale emblématique de Paris et de la tour Eiffel. Pour lui, le processus d'exotisation consiste à déconnecter un lieu et des personnes de leur contexte local et à les replacer dans un autre cadre. Dans son travail, le mur occupe une place essentielle : il joue le rôle de fond, d'élément du décorum qui décontextualise, mais aussi celui de support d'apparitions, d'écran d'images plus ou moins fantomatiques de ce symbole de la capitale française. Par un effet de surimpression réalisé en post production, il intègre une vue de Paris aux portraits réels afin de n'obtenir qu'une seule image réunissant les deux éléments. Ce Paris à la tour Eiffel, vécu ou fantasmé, destination rêvée par beaucoup car archétype du luxe et de la réussite sociale mais aussi symbole de l'exposition universelle de 1889 et de ces insoutenables villages indigènes érigés à la gloire de l'empire colonial, nourrit l'image telle une mise en abyme aux multiples degrés de lecture. Ici, le paradigme est inversé : l'humain, l'Africain, s'affirme en sujet principal alors que la tour Eiffel investit le décor se muant, à son tour, en une image dérisoirement exotique. Dans ses photographies, Bernard Brisé confronte deux environnements qui invitent à une nouvelle interprétation, à la lisière de cette cohabitation ambiguë entre réalité et comédie humaine. Entre légèreté et gravité, il questionne de façon allégorique les notions de culture, d'acculturation et d'altérité.
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Bienvenue au Togo, en Albanie, à Chicago, où que ce soit, mais bienvenue en dictatures, en colonies ou en ghettos. Ici la ville appartient aux soudards, aux gaz lacrymogènes et aux machettes. En contrepoint de cette vie méprisée et battue, il y a le jazz, porteur d'espoir autant que d'identité. Les nouvelles de Kangni Alem, au style vif et protéiforme, prennent tou les biais pour porter un message fort de résistance et de combat
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«Pour l'heure, en tout cas, la messe est dite, je suis bel et bien dans une épaisse merde de caméléon, n'y voyez aucun jeu de mots, même si ladite matière a les couleurs et les odeurs de l'Amérique de Lincoln, d'Oprah Winfrey, et de Bill, mon copain bouquiniste sur la Broadway Avenue, Chicago. Lequel Bill, certainement dans l'intention de m'édifier, m'avait offert, le premier jour de notre rencontre, Dans la dèche à Paris et à Londres de George Orwell, et briefé sur les stratagèmes de quelques illustres prédécesseurs dans le dur métier de vivre et d'écrire. Je suis dans une merde que je ne saurais qualifier autrement que de nègre, j'y suis, les pieds à plat et les yeux grands ouverts. Il me faut m'en sortir, à tout prix !» Les femmes, la vie, les surprises des voyages... Le fil conducteur qui relie les nouvelles de Kangni Alem a pour texture la nostalgie, servie par une langue en liberté totale et une conscience politique toujours à l'affût.
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La crainte de la fin du monde a toujours habité l'homme.
Mais, création propre au XXe siècle, et qui va s'épanouissant, le huitième péché est celui qui fera disparaître notre planète Terre, si l'on en croit les prévisions les plus sophistiquées. En attendant le cataclysme, il reste aux hommes à profiter pleinement des sept péchés classiques, dont la luxure est sans conteste le top. Un péché, aux déclinaisons propres à chacune des mains qui s'agitent dans ce recueil, et dont certaines sont loin d'être innocentes.
Luxure, mais aussi orgueil, envie et colère... vertus et défauts d'hommes et de femmes dépaysés sur une terre aux dimensions surréalistes... Onze visions du monde par onze auteurs francophones qui évoluent hors de toute chapelle.
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Héloïse, jeune métisse, n'a toujours connu de son père que ce que sa mère a toujours bien voulu lui raconter. Un jour pourtant, ce géniteur évanescent sort de l'ombre et l'invite à entreprendre le voyage jusqu'à TiBrava. Et la voilà partie, avec dans ses bagages, un viatique insolite : le manuscrit d'un roman inachevé, témoignage d'un passé lointain, quand le père rêvait de devenir écrivain. Mais le père tant rêvé n'est pas au rendez-vous. A sa place, pour accueillir Héloïse, sa demi-soeur Parisette.
Héloïse et Parisette, la Française et la TiBravienne. Deux moitiés de noix de cola, s'ajustant avec délices, même si l'une a le teint ivoire et l'autre des reflets violacés. Deux ingénues dans la tourmente rêvée par un Sade tropical, qu aurait forcé sur le jazz, la BD et l'alcool de palme.
Sur le thème de la quête des origines, Kangni Alem nous livre ici un premier roman délirant.
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« Je m'appelle Apollinaire, j'ai soixante-dix ans, un diabète, du cholestérol, et je fais de l'hypertension. Ce tableau clinique généreux pourrait surprendre, si je ne m'empressais d'ajouter qu'il ne m'empêche pas aussi de m'offrir, de temps à autre, quelques plaisirs, ceux-là même qu'un vieillard sous les tropiques ne se refuse pas, même avec un risque d'AVC suspendu au-dessus de sa tête. Je ne sais ce qui me pousse à l'avouer, sinon le désir de nouer un pacte de vérité dès l'entrée de ce récit qui couvre trois journées de ma vie. » Pendant trois jours, Apollinaire cherche à comprendre l'affaire la plus emblématique qu'il ait perdue. Son client, KA, avait été accusé d'un crime atroce. Il avait pris les proportions de la légende : KA était devenu le criminel le plus honni, le plus médiatisé du jeune État de Tibrava. Le pays tout juste indépendant, mené d'une main de fer par un dictateur soucieux de l'ordre publique, avait rendu un jugement sans appel. KA avait été condamné à mort sans qu'Apollinaire ne puisse rien tenter. Trop jeune, trop inexpérimenté, commis d'office, un peu lâche aussi, il n'avait pas su comprendre le crime et la sentence.
Apollinaire ne veut pas prendre sa retraite sans comprendre ce crime qui le hante. Il s'engage alors sur un chemin tortueux. Il cherche la Justice. Il cherche surtout le souvenir du jeune avocat qu'il était et qui n'avait pas pu ou pas voulu se battre pour elle. Le portrait d'un homme seul et d'un pays qui joue avec les mots, les mythes et les légendes. -
Perdant à nouveau le nord, voici qu'on retrouve héloïse, la jeune parisienne métisse, l'une des deux antihéroïnes du baroque cola cola jazz.
Elle repart à tibrava, pays fatal s'il en est, pour une mission délirante : disséminer au bord de l'afrique paternelle les cendres de la mère qui a enfin réussi son suicide. charlatans, canailles, sac d'embrouilles. héloïse découvre avec stupeur les faces cachées et les métamorphoses de ceux qu'elle a croisés lors de son premier voyage : le père girouette et le sulfureux sosthène. nouvelle initiation et mascarade brutale pour la candide oie brune voletant entre deux mondes.
Polar psy ? roman à l'eau de gombo ? allégorie bouffonne teintée d'insoutenable ? l'auteur, vorace, brouille joyeusement les genres.