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Olivier Barbarant
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Paul Eluard, comme un enfant devant le feu - Itinéraire d'un poète du XXe siècle
Victor Laby
- Seghers
- 7 Novembre 2024
- 9782232147630
Paul Eluard est l'un des poètes les plus connus des Français. Sa place dans l'histoire littéraire n'est plus contestable, et il connaît la gloire toute particulière d'avoir marqué la mémoire populaire avec des vers connus de tous. Or toute gloire est un malentendu : concernant Eluard, il reste beaucoup à découvrir, et plus encore à expliquer.
Paul Eluard apparaît souvent en autant d'images fixes dont la continuité est encore peu appréhendée : le surréaliste, le résistant, l'amoureux des femmes, l'ami des peintres, le stalinien... Dans l'imaginaire populaire, il est le poète de l'amour, mais aussi poète dans la Cité. Sa courte vie (1895-1952) est inextricablement nouée aux grands événements de son demi-siècle : il a connu deux guerres mondiales, les espoirs et les tragédies des années 1930 entre Front populaire et montée des fascismes, le délitement des empires coloniaux comme l'enfermement idéologique de la guerre froide. De l'apprentissage de la révolte à l'engagement politique, Eluard n'a cessé de prendre sa part, pour le meilleur et pour le pire, dans les combats et les débats de son temps.
Soixante-dix ans après la mort du poète, Olivier Barbarant et Victor Laby retracent ici son itinéraire intellectuel et politique, loin des approximations ou des réductions partisanes. De l'enfance choyée à la rébellion Dada, de la revue Littérature à l'adhésion au Parti communiste, de la fraternité humaine à la tyrannie stalinienne, ils déroulent le fil des événements publics et intimes qui, réunis, permettent de saisir les convictions d'Eluard, ses espérances, et comment l'Histoire les aura, ou non, trahies. -
«Le violon disait aux uns que leur temps était venu, aux autres que leur temps était fini», note Vassili Grossman dans un émouvant passage de Vie et Destin. Le poème peut-il tenter de rejouer la partition d'un violon seul, en espérant que la singularité d'une expérience prenne valeur symphonique, et parle pour chacun ? Nous n'aurions pas tout à fait perdu le monde qui sous nos yeux s'effondre si nous savions le dire encore. À la suite de Bach, et quelle que soit la disproportion des moyens, on rêverait qu'un chant de catastrophe soit aussi le lieu d'un réveil : Pour toute force l'éphémère la vraie vie parie sur le givre qu'on regarde aux fenêtres fondre O. B.
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Odes dérisoires et autres poèmes
Olivier Barbarant
- GALLIMARD
- Poesie Gallimard
- 18 Février 2016
- 9782070467853
Olivier Barbarant est né à Bar-sur-Aube le 5 mars 1966. Fils d'instituteur, il répond précisément aux ambitions scolaires de ce milieu attaché comme nul autre à la promotion républicaine : ancien élève de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, agrégé de Lettres modernes, Docteur ès Lettres, il enseigne successivement à l'université, en lycée puis en classes préparatoires. Ses lectures et ses travaux l'ont conduit à admirer, non pas successivement mais conjointement, des écritures aussi éloignées que celles par exemple de Philippe Jaccottet et d'Aragon (dont il est l'un des spécialistes et dont il a édité les OEuvres poétiques dans la Bibliothèque de la Pléiade) ou celles de Colette et de Maïakovski, de Claudel et de Gide, comme plus lointainement de Racine et de Rabelais.
Il ne lui déplairait pas que ses poèmes conjuguent ainsi quotidienneté et mystique, tenue classique et modernité, élan lyrique et hésitation critique, frénésie et incertitude. Comme l'indique Jean-Baptiste Para en préface à cette anthologie poétique, Olivier Barbarant fait entendre " la riche tessiture d'une voix dont le timbre est désormais reconnaissable entre tous. Si la lyrique amoureuse en est le foyer profond, c'est pour inventer un nouveau chant où l'étreinte des corps est l'acmé d'une plénitude sensorielle qui se communique au langage.
Dans leur vitalité émotive et vibratile, les versets déploient souplement une ampleur d'étoffe dont le plissé est parcouru comme d'un long frisson par tous les frémissements de la vie. Qu'il s'agisse du corps désiré des garçons, de la matérialité du monde réel ou des " raisins du langage " qui s'offrent à être piétinés pieds nus, le perpétuel Orient vers lequel se tourne Olivier Barbarant est celui d'une explosion de la sensation.
Il y a là comme le rêve d'une intensité d'être où tout aurait la consistance d'un fruit, où tout serait saveur et pulpe. Cette intensité, la voix lyrique la désire légère et fluide, liquide même. " Toute une vie durant j'ai pris modèle sur la pluie / Battue de vent toujours et qui ne brille qu'effondrée / Plus que tout j'ai craint de m'endurcir ".
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Le Paris d'Aragon
Olivier Barbarant
- Alexandrines
- Le Paris Des Ecrivains
- 7 Octobre 2016
- 9782370890313
"J'ai plus écrit de toi Paris que de moi-même / Et plus qu'en mon soleil en toi Paris j'ai cru." De sa naissance, qu'il situera en forme de plaisanterie "sur l'esplanade des Invalides", au petit appartement de la rue de la Sourdière, et jusqu'à sa mort, rue de Varenne, Aragon n'aura quitté Paris que quelques mois, toujours sous la contrainte de l'Histoire. L'explorateur surréaliste de l'insolite urbain, le "paysan" de Paris, sera celui aussi de tous les lieux et milieux : des Beaux quartiers à l'est ouvrier de la capitale, des frénésies des années 1920 aux cortèges militants, jusqu'au quartier des Halles du noctambule des années 1970. Il n'est pas de lieu qu'il n'ait observé, de "gris de Paris" qu'il n'ait saisi et chanté. La vie et l'oeuvre, ici nouées, constituent le guide de la redécouverte d'une capitale indissociable de son poète : "Arrachez-moi le coeur vous y verrez Paris."
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"Un soir, tandis que je dînais avec un ami dans un restaurant qu'une fréquentation très assidue interdit de qualifier trop platement d'habituel,
j'ai pu connaître un de ces instants éclatants qui remettent l'existence à sa place : un de ces rares et le plus souvent furtifs rappels de ce qu'est la vie
sitôt qu'elle est exposée au rayonnement des êtres et des choses, et ainsi à elle-même restituée.
Il me faut à présent rédiger l'épopée d'un tel trait de foudre dans la gravière des jours.
Tout évangéliste est un chroniqueur. C'est donc mon tour, bien malgré moi. Je n'ai cependant jamais su raconter.
C'est par force qu'au lieu d'une giclée d'émotions, je me condamne à reconstituer ici l'ordre d'une histoire, pour en distinguer et tenter d'éclairer les étapes.
Partons d'un soir, de fin d'été, au restaurant, sur la rive droite, dans une rue naguère martyrisée par une explosion [...]" -
«Il arrive qu'un instant sans durée concentre en lui-même la valeur d'un long intervalle et fasse tenir le maximum de ferveur dans le minimum de temps. Il arrive qu'une jouissance continuée et plus ou moins diluée se ramasse au foyer d'une joie-éclair. [...] Or qu'est-ce que la vie entière perdue dans l'océan de l'éternité, sinon « un grand instant » ? . Cet extrait de La Mort de Jankelevitch, dans un chapitre intitulé «La vie brève», circonscrit le point d'attention réunissant des poèmes remontant à des époques diverses (enfance et jeunesse, temps présent) mais pour tenter d'en restituer et déplier l'intensité particulière, seul trait qui les rassemble, et pourrait faire de la vie reparcourue par coups de sondes un grand instant.
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Alternant poèmes lyriques et proses musicales, Séculaires fond magnifiquement l'autobiographie nostalgique mais sans complaisance aucune, aux mouvements de l'histoire, à ces ressacs dont le passage au XXI? siècle a donné l'exemple. À l'inquiétude intime d'une conscience déchirée entre le désenchantement et la volonté de ne pas s'y perdre répondent une secrète révolte et la persistance têtue de l'espoir d'un temps rajeuni. Tout cela est dit simplement, au plus près du sentiment, mais dans une langue poétique d'une exceptionnelle qualité, fluide, alerte, chantante, à chaque instant émouvante.
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La juste couleur : chroniques poétiques
Olivier Barbarant
- Champ Vallon
- Recueil
- 1 Octobre 2021
- 9791026710059
Les études critiques relèvent généralement de la théorie ou du catalogue. Ce rassemblement de chroniques prétend procéder autrement, en cherchant ce qui peut éclairer une rencontre, en explorant chaque oeuvre à la lumière de l'intensité du choc qu'elle procure.
Ainsi s'édifie un tableau inédit de la vitalité de la poésie, et une réflexion ouverte aux voix de la poésie nationale mais aussi internationale, trop souvent négligée dans le paysage littéraire français. L'écriture, poétique comme critique, prend dès lors exemple sur le travail de la mer, qui selon le poète grec Aris Alessandrou « ne cesse de mêler / algues et ciel / s'efforçant à trouver sa juste couleur ».
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Aragon, l'homme au gant : suivi de impair et passe
Jean Ristat
- Manifeste !
- 24 Janvier 2023
- 9782492908231
« Mais je me dois de témoigner et de me risquer aussi à l'appréciation critique des uns et des autres. Le fil est ténu sur lequel je m'avance parfois comme un funambule. L'anecdote, la petite histoire, les circonstances ne peuvent pas être écartées simplement, avec mépris, comme le dehors de l'oeuvre, son extériorité, une sorte d'écume qui n'aurait rien à voir avec la vague, la vague du rêve, ce qu'on pourrait appeler la lame de fond qui la commande et la travaille férocement, tragiquement comme un couteau dans la plaie. C'est pourquoi je ne voudrais pas que la notion de circonstance, si importante chez Aragon, soit oubliée dans le placard surréaliste. La circonstance inscrit l'anecdote dans l'histoire d'un sujet pris dans le mouvement chaotique de l'Histoire.» Jean Ristat Les éditions Manifeste! republient la conférence prononcée en l'an 2000 à la Bibliothèque Nationale de France par Jean Ristat sur Aragon. Témoignage crucial pour comprendre le grand poète, essai biographique critique de poète à poète, retour sur une amitié exceptionnelle autant qu'étrange, dont un tableau du Titien tient peut-être les fils...
Cette republication s'accompagne d'Impair et passe, édité pour la première foisÂ: la dernière prise de parole en public (2019) de Jean Ristat sur le dernier Aragon, (dont il a été dit tant de bêtisesÂ!) et la relation féconde en créations qu'ils ont tous deux nouée. -
Olivier barbarant est né en 1966 à bar-sur-aube. ii est notamment l'auteur de douze lettres d'amour au soldat inconnu. essais de voix malgré le vent est son troisième livre de poésie.
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Qui, un jour, a tenu entre ses mains AURÉLIEN, l'un des plus célèbres chefs-d'oeuvre d'Aragon, ne l'a plus jamais quitté. On se souvient ici que le roman d'amour est aussi une remarquable fresque de l'entre-deux guerres et un dialogue intertextuel d'une grande richesse. Mais dans la lecture offerte par Olivier Barbarant, le roman est avant tout - comme l'avait dit Claudel - poème. L'auteur du présent ouvrage nous invite à porter un regard attentif au statut de Paris : car c'est tel qu'il vit la capitale, intensément, irrésistiblement, que le poète Aragon l'a inscrite dans Aurélien. Ni décor, ni motif esthétique, le paysage est force fondatrice et chair de l'écriture poétique. « Si le sang coule dans Paris, si le coeur s'y arrête aussi, si la nuit s'y abat, c'est bien qu'Aurélien fusionne avec la ville, et connaît l'expérience aragonienne de faire de son propre coeur Paris. »
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Douze lettres d'amour au soldat inconnu
Olivier Barbarant
- Champ Vallon
- Recueil
- 1 Septembre 1993
- 9782876731646
" et je sais bien ce qu'on dira de cette lettre, qui vous aurait probablement scandalisé, et après une telle nuit, de mon attachement pour vous puisque c'est à chaque fois le même argument de mensonge, comme s'il était affreux de vous trouver beau, ou confus à l'excès de prendre ensemble le coeur et les tranchées, les draps de lit et la politique, la relation humaine et celle des nations, la guerre et les bouches emmêlées.
Comme si ce n'était pas toujours la même histoire, avec les mêmes choses les plus frêles et le refuge dérisoire de deux bras contre l'horreur.
Comme si l'amour de la chair n'était pas le commencement de la morale. comme si j'avais tort d'opposer, à toute force, votre visage aux monuments. "
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Louis aragon - la memoire et l'exces
Olivier Barbarant
- Champ Vallon
- Champ Poetique
- 1 Novembre 1998
- 9782876732261
Concernant aragon, l'homme et ses ambiguïtés éclipsent l'oeuvre et ses réussites.
Sa poésie souffre particulièrement d'un tel état de fait : trop connue, et donc méconnue, elle se voit réduite à quelques vers célèbres, quelques dates circonscrites, quelques légendes (elsa, la résistance, l'histoire...) jamais véritablement lues.
Pour la première fois depuis la mort de l'auteur, ce livre veut donc relire la totalité d'une trajectoire poétique qui ne se réduit ni à l'usage du vers, ni à l'imitation, ni à l'exploitation de quelques grands thèmes.
De 1919 à 1982, aragon débat plutôt avec les procédures poétiques, avec la mémoire d'un genre, avec la sienne, tentant à chaque livre de déplacer et de réinventer un nouveau lyrisme. collage, montage, intertextualité, dérèglement de la syntaxe, réinvention des formes, la mémoire procure un matériau qu'une systématique et inquiétante pratique de l'excès tente chaque fois de déborder. libérée des faux savoirs, l'oeuvre alors reprend cohérence : elle est la recherche incessante d'un placement de la voix qui n'a pas fini d'éblouir, ni de donner quelques leçons à la modernité.
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Odes derisoires. et quelques autres un peu moins.
Olivier Barbarant
- Champ Vallon
- Recueil
- 1 Novembre 1998
- 9782876732728
Olivier barbarant est né en 1966 à bar-sur-aube. il vit et enseigne à saint-quentin, en picardie. il a publié aux editions champ vallon les parquets du ciel (poèmes, 1992), douze lettres d'amour au soldat inconnu (prose, 1993) et aragon, la mémoire et l'excès (coll. " champ poétique ", 1997).
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Révélation de l'âme devant un bock de bière, épiphanie dans une cabine téléphonique, trivialité des situations, du langage parfois.
Ces textes, articulés à une narration sentimentale malmenée, rouvrent, à ras de prose, le territoire poétique à toute la matérialité du réel. Il s'agit ici d'accueillir le quotidien, d'intégrer à l'écriture une présence qui n'oublierait plus le présent. " Mal aimé ", proche de Zone, Olivier Barbarant, entre sentimentalité affichée et ironie, entre dérisoire et dérision, tente de réinventer, avec ce nouveau discours amoureux, le geste d'Apollinaire : dans le dynamisme d'un swing, se maintient la promesse de la mélodie.
Sous l'apparente profanation circule alors l'obstination d'un espoir poétique : celui de faire revisiter la langue, d'obliger la phrase au tempo d'une caresse. Il n'y a de ciel humain qu'à hauteur du parquet.
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Temps mort, journal imprecis (1986-1998)
Olivier Barbarant
- Champ Vallon
- Recueil
- 15 Octobre 1999
- 9782876732926
" a reprendre la première phrase de ce journal, en date de 1986, je ne perçois guère de changements en moi-même.
Une plus grande simplicité peut-être, mais tout changement doit-il nécessairement relever du " progrès " ? n'est-ce pas là une vaine consolation imaginaire, pour se féliciter d'avoir vieilli ? et la vie commune à présent avec une femme, qui m'épargne l'ancienne hystérie du désir - encore que. davantage de bonheur, et surtout plus de capacité à s'extraire des ennuis quotidiens où je croyais alors trouver je ne sais quelle clé, quelle porte sur la pensée, confondant un peu trop peut-être mes états d'âme et les mystères du monde.
Mais si la vie ordinaire m'est un peu plus aisée, je n'en sais pas plus qu'alors sur ce qui me fait exister, sur l'autre moitié, l'autre versant de mes jours, sur ce "temps mort" où vivre s'illumine. il me faudrait me résoudre à accepter que je mourrai un jour sans avoir compris ce qu'il y a de si essentiel pour moi dans les fichus superposés du ciel, les gouttes de pluie sur les carreaux, les coups de fouet en pleine âme que nous font les chants des hommes, et la lumière de leurs regards.
" o. b.
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Boire à la source, disait Supervielle pour de pareilles évocations de souvenirs. Mais quand on écoute son passé avec suffisamment d'attention, aussi obscure soit sa vie, on y entend la rumeur des temps. On peut parier que les événements personnels puissent révéler les éléments communs d'unie génération : on ne fuit donc pas l'Histoire ici eu tentant de la retrouver au ras des émois. li sera question de Colette, du gauchisme à peine frôlé, de Gide et d'Aragon, d'Allende et de la décoration intérieure des années 70, des lapins dans ce qui restait des fermes des aïeux, de l'enterrement de Neruda et du poids des cuillers en fer blanc : " Un homme n'est pas fait que du temps intime, du coeur qui cogne ou bien se tait. [...] Aussi éloignés semblent-ils à première vue, le rythme du corps et celui de l'Histoire forcément se rencontrent, se nouent. Né sous la neige, donc. En même temps, sous De Gaulle. Et se comprendre suppose sans doute qu'on parvienne à relier les fils invisibles d'une aussi énigmatique conjonction ". O. B.