LE COMTE, seul, marche en rêvant.
J'ai fait une gaucherie en éloignant Bazile !... la colère n'est bonne à rien. - Ce billet remis par lui, qui m'avertit d'une entreprise sur la Comtesse ; la camariste enfermée quand j'arrive ; la maîtresse affectée d'une terreur fausse ou vraie ; un homme qui saute par la fenêtre, et l'autre après qui avoue... ou qui prétend que c'est lui... Le fil m'échappe. Il y a là-dedans une obscurité... Des libertés chez mes vassaux, qu'importe à gens de cette étoffe ? Mais la Comtesse ! Si quelque insolent attentait... Où m'égaré-je ? En vérité, quand la tête se monte, l'imagination la mieux réglée devient folle comme un rêve ! - Elle s'amusait : ces ris étouffés, cette joie mal éteinte ! - Elle se respecte ; et mon honneur... où diable on l'a placé !
(Acte III, scène 4) Figaro Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce Moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues ; puis un chétif être imbécile ;
Un petit animal folâtre ; un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre ; maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune! ambitieux par vanité, laborieux par nécessité ; mais paresseux... avec délices! orateur selon le danger ;
Poète par délassement ; musicien par occasion ; amoureux par folles bouffées ; j'ai tout vu, tout fait, tout usé.» (Acte V, scène III)
«Un vieillard amoureux prétend épouser demain sa pupille ; un jeune amant plus adroit le prévient, et ce jour même en fait sa femme, à la barbe et dans la maison du tuteur. Voilà le fond, dont on eût pu faire, avec un égal succès, une tragédie, une comédie, un drame, un opéra, et cætera.».
C'est ainsi que Beaumarchais lui-même présente Le Barbier de Séville qui en 1775 triomphe rapidement, puis connaît un succès durable : Marie-Antoinette elle-même jouera le rôle de Rosine en 1785 ; deux livrets d'opéra en seront tirés pour Paesiello et Rossini. C'est que fantaisie verbale et puissance dramatique offrent au spectateur une pièce dont l'action reste suspendue à un lien fragile - un mot ou un silence pouvant tout achever ou tout faire échouer - et c'est là le modèle de la comédie des deux siècles à venir.
Le chef-d'oeuvre de Beaumarchais, suivi d'un parcours littéraire « La comédie du valet ». Dans une édition conforme aux nouveaux programmes de français du lycée, incluant notamment des prolongements artistiques et culturels et un dossier Nouveau bac.
L'oeuvre Suzanne et Figaro, le valet du comte Almaviva, préparent leur mariage. Mais le comte entend être le premier à profiter des charmes de la jeune fille.
Dans cette pièce qui mêle l'émotion au rire, Beaumarchais - quelques années avant la Révolution française - dénonce l'injustice des privilèges accordés à la noblesse, lorsqu'ils sont fondés sur la seule naissance, et non sur le mérite.
Le parcours « La comédie du valet » 10 textes clés pour étudier les différentes figures de valets dans la comédie classique. La réflexion est organisée selon ce plan :
1. Le valet, personnage comique par excellence 2. Le valet, meneur de jeu de la comédie 3. Le valet, support de la satire morale et sociale Le dossier Toutes les ressources utiles au lycéen pour étudier l'oeuvre dans le cadre des nouveaux programmes :
- un avant-texte pour situer l'oeuvre dans son contexte - au fil du texte, la rubrique « Des clés pour vous guider » - après le texte :
- des repères sur l'oeuvre - un groupement de textes complémentaires sur le procédé du monologue théâtral - des sujets types pour l'écrit et l'oral du nouveau bac français Des prolongements artistiques et culturels Sur le thème « Le Mariage de Figaro : du texte à l'image », une sélection d'oeuvres graphiques et de mises en scène, et des outils pour les analyser.
Et un guide pédagogique Sur www.classiques-et-cie.com. En accès gratuit réservé aux enseignants, il inclut tous les corrigés : des questionnaires au fil du texte, des sujets de bac, des lectures d'images.
Seize personnages, quatre-vingt-douze scènes, mille six cents répliques, une profusion de décors et de costumes... Pas de doute, Le Mariage de Figaro est bien la superproduction du xviiie siècle ! Si l'on ajoute à cela une bataille de cinq ans pour faire jouer la pièce et un auteur à la réputation scandaleuse, on comprend mieux le retentissement qu'a eu cette oeuvre jusqu'à nos jours.
Et cependant, il y a tellement de meilleures raisons de lire Le Mariage de Figaro ! Beaumarchais y donne libre cours à son génie, entre jalousie, désir, bons mots et coups de théâtre. Et sous son agréable apparence de comédie divertissante, la pièce nous entraîne, à la veille de la Révolution française, dans une importante réflexion sur les inégalités sociales, le rôle des femmes et le droit de chacun au bonheur. Bref, voici une pièce légère et profonde, qui fait rimer amour et humour le mieux du monde.
- Le texte intégral annoté - Cinq questionnaires d'analyse de l'oeuvre - Une analyse des personnages - Un dossier « Spécial Bac » proposant deux sujets d'écrit et deux sujets d'oral - Une présentation de Beaumarchais et de son époque - Le genre de l'oeuvre et sa place dans l'histoire littéraire - Une rubrique « Portfolio » pour la lecture d'images - Un dossier Spécial bac sur le thème « La comédie du valet »
« La comédie du Barbier de Séville est une des plus gaies et des plus claires du répertoire mondial ; d'emblée célèbre, elle l'est demeurée. Jean Bête à la foire n'est pas une comédie littéraire, et son charme ne peut guère toucher qu'un public informé des conventions propres au genre très particulier qui est le sien, celui de la "parade" ; aussi cette oeuvre mineure n'est-elle souvent appréciée que par les spécialistes. Il a pourtant paru souhaitable de l'inclure dans la présente édition, non seulement parce que la longue et complexe genèse du Barbier passe par le genre de la parade et que, dans des contextes différents, les problèmes de Jean Bête sont ceux d'Almaviva, mais aussi parce que l'esthétique d'une pièce comme Jean Bête, marginale pour les contemporains et méprisée au XIXe siècle, s'accorde singulièrement avec la sensibilité moderne. Un érotisme peu dissimulé, une liberté verbale poussée au paroxysme, une façon sévère de juger la société à travers la simplicité invraisemblable d'une intrigue stéréotypée, voilà qui donne pour nous à la parade le charme paralittéraire qui peut être aujourd'hui, par exemple, celui de la bande dessinée. »
Jacques Scherer.
La connexion intime entre ces trois pièces, c'est qu'elles annoncent - comme les trois coups au théâtre - la Révolution à venir. Pour la première fois, l'intelligence et l'intérêt bien compris prennent le pas sur les convenances qu'édicte la société de cour. «On n'obtient ni grand pathétique, ni profonde moralité, ni bon ni vrai comique, au théâtre , sans des situations fortes et qui naissent toujours d'une disconvenance sociale dans le sujet qu'on veut traiter [...] Les vices, les abus se déguisent en mille formes sous le masque des moeurs dominantes : leur arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au théâtre.» Préface du Mariage de Figaro.
BartholoEn ma place, Bazile, ne feriez-vous pas les derniers efforts pour la posséder ?BazileMa foi non, Docteur. En toute espèce de biens, posséder est peu de chose ; c'est jouir qui rend heureux : mon avis est qu'épouser une femme dont on n'est point aimé, c'est s'exposer...BartholoVous craindriez les accidents ?BazileHé ! Hé ! Monsieur... on en voit beaucoup, cette année. Je ne ferais point violence à son coeur.BartholoVotre valet, Bazile. Il vaut mieux qu'elle pleure de m'avoir, que moi je meure de ne l'avoir pas.(Acte IV, scène 1)
Cela est vrai, d'honneur ! je ne sais plus ce que je suis, mais depuis quelque temps je sens ma poitrine agitée ; mon coeur palpite au seul aspect d'une femme ; les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent.
Enfin le besoin de dire à quelqu'un je vous aime est devenu pour moi si pressant que je le dis tout seul, en courant dans le parc, à ta maîtresse, à toi, aux arbres, aux nuages, au vent qui les emporte avec mes paroles perdues. - hier je rencontrai marceline...
Suzanne, riant.
Ah ! ah ! ah ! ah !
Beaumarchais ou le génie des contrastes. ou l'art de décourager toute définition. D'une part, l'auteur en liberté d'un théâtre dit «de société», où l'obscénité s'ajoute à la fantaisie verbale la plus débridée. D'autre part, l'héritier de Diderot, l'auteur contraint de drames «sérieux» et bourgeois dont nous retenons aujourd'hui des préfaces-manifestes reprenant avec une rigueur plus grande, les idées de l'illustre devancier. D'une part, ce discours de l'insolence : Figaro. D'autre part, cette douloureuse expression de la difficulté d'être dans un ordre moral : Eugénie ou Rosine la mère coupable. Et pour nous, pour la critique, la volonté d'associer ces contraires, la nécessité d'affirmer que drame et comédie sont les deux faces d'un même talent, que la personnalité de cet homme est toute d'oppositions, que sa vie est paradoxe, que ses noms eux-mêmes - le bourgeois Caron et l'aristocratique Beaumarchais - semblent vouloir concilier l'inconciliable. En écho à l'étonnante diversité de l'oeuvre dramatique, on lira (pour la première fois dans une édition annotée) les mémoires judiciaires. Un commun dénominateur : l'absence de complaisance. Ici et là, un même bonheur d'écriture, une même sensibilité, un même esprit. Il faut désormais admettre que Beaumarchais n'est pas seulement Figaro, parce qu'il faut garder présents à l'esprit ses mots, qui expliquent l'étrange entreprise que fut sa vie : «Vivre, c'est combattre. Je m'en désolerais peut-être, si je ne sentais en revanche que combattre, c'est vivre.»
La vie amoureuse de Beaumarchais est un roman libertin comme les aime le XVIIIe siècle. La correspondance brillante et enflammée que nous livre cet ouvrage éclaire la liaison torride qu'il entretint avec Amélie Houret de la Morinaie pendant plus de dix ans. Et le livre se termine deux mois avant la mort de Beaumarchais, par une missive envoyée à sa maîtresse par sa femme...
Seize personnages, quatre-vingt-douze scènes, mille six cents répliques, une profusion de décors et de costumes... Pas de doute, le Mariage de Figaro est bien la surproduction du XVIIIe siècle !
Si l'on ajoute à cela une bataille de cinq ans pour faire jouer la pièce et un auteur à la réputation scandaleuse, on comprend mieux le retentissement qu'a eu cette oeuvre jusqu'à nos jours.Le texte intégral annoté5 questionnaires d'analyse de l'oeuvreUne analyse des personnagesUn dossier "spécial Bac proposant 2 sujets d'écrit et 2 sujets d'oralUne présentation de Beaumarchais et de son époqueLe genre de l'oeuvre et sa place dans l'histoire littéraireUne rubrique "Portfolio" pour la lecture d'images
Eugénie, jeune femme noble et loyale, se croit l'épouse du comte de Clarendon. Mais ce dernier avait organisé un faux mariage et se trouve pris au piège de son amour et de son ambition. Au fur et à mesure que l'action, riche en rebondissement, progresse, Eugénie devient la figure emblématique de la vertu trompée et malheureuse dans un monde partagé entre la morale rigide et le libertinage.
Le comte Almaviva veut épouser la charmante Rosine qui l'aime et qui vit enfermée chez le vieux docteur Bartholo. Mais Bartholo a décidé de se marier avec Rosine dès demain... Alors, qui va l'emporter, dans cette comédie joyeuse et pleine de mouvement ? Le docteur Bartholo, avec l'aide de l'inquiétant Don Bazile ou le comte Almaviva, grâce au rusé Figaro qui s'est mis à son service ?
Le 19 juillet 1778, Beaumarchais fait diffuser à Aix-en-provence le Tartare à la Légion, mémoire répondant à celui que son adversaire, le comte de La Blache, vient d'offrir, quatre jours plus tôt, à la curiosité du public.
Depuis 1770, les deux hommes s'affrontent devant les tribunaux à propos d'une " potioncule " de l'héritage de Joseph Pâris-Duverney. Des salons parisiens aux antichambres de Versailles, on se raconte les épisodes les plus savoureux de l'affaire qui, avant même ses succès d'auteur dramatique, apportera à Beaumarchais la célébrité.
Le Tartare n'est pas seulement le virulent plaidoyer d'un homme dont on a juré la perte.
C'est aussi un chef-d'oeuvre d'esprit qui, en maints endroits, rappelle le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro - dans lesquels fourmillent par ailleurs les allusions au procès qui empoisonna, huit années durant, la vie de Beaumarchais.
La présente réédition du Tartare est la première, depuis deux siècles, à en restituer le texte intégral, rectifiant en outre les approximations historiques qui entourent habituellement les comptes rendus de l'affaire.
Elle prouve que le Tartare ne méritait pas d'être écarté des oeuvres complètes de son génial auteur. Car Beaumarchais, sans le Tartare, eût-il survécu à Beaumarchais ?
La lutte de Rosine et de son jeune amoureux, le comte Almaviva, contre Bartholo, médecin et tuteur de Rosine. Figaro et Bazile secondent leurs maîtres respectifs en inventant pièges et plans pour combattre leurs adversaires. Figaro, ancien valet du comte Almaviva, premier des grands polémistes, évolue dans un monde hostile, qu'il va pourtant faire évoluer par sa seule intelligence.
Préface de François Bon. Edition établie, annotée et commentée par Laurence Rauline Suzanne et Figaro, le valet du comte Almaviva, préparent leur mariage. Mais le comte entend être le premier à profiter des charmes de la jeune fille.
Beaumarchais, quelques années avant la Révolution française, dénonce l'injustice des privilèges accordés à la noblesse, lorsqu'ils sont fondés sur la seule naissance, et non sur le mérite.
Le dossier Par Laurence Rauline, agrégée de lettres modernes, docteur en littérature française de l'âge classique et enseignante en lycée - Des repères historiques et biographiques - Des fiches permettant de dégager les principaux axes de lecture de l'oeuvre - Des exemples de mises en scène de la pièce - Deux groupements thématiques composés de textes complémentaires et de reproductions d'oeuvres d'art - Des sujets de type bac, pour l'écrit et pour l'oral
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), connu surtout pour avoir écrit Le Barbier de Séville (1775) et Le Mariage de Figaro (1784), était considéré par ses contemporains comme un homme débordant d'activités.
C'est aussi le portrait qu'esquissent de lui ces lettres inédites que nous publions. Elles nous familiarisent avec l'auteur, mais aussi avec l'horloger, l'inventeur, le dramaturge, l'homme d'affaires, le musicien, l'homme politique, l'armateur, le négociateur, le papetier, l'imprimeur, l'éditeur. Vie mouvementée s'il en fut, vie aventureuse aussi, au gré d'une destinée unique. Homme d'action en même temps qu'à sa façon philosophe, Beaumarchais s'attacha à la défense d'idées nouvelles tant en politique que dans la presse ou au théâtre.
Il voulut être utile à son pays, laisser sa marque. Rien donc de surprenant qu'il choisisse pour devise le mot de Voltaire : " Ma vie est un combat ".
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Le Sacristain Le Barbier de Séville Le Mariage de Figaro La mère coupable Édition présentée et annotée par Jean-Pierre de Beaumarchais.
C'est au cours d'une mission secrète à Londres que Beaumarchais fit la connaissance de Marie-Madeleine de Godeville, pour laquelle il se prit d'un violent caprice ; ce mot convient mieux que tout autre à cette « liaison de plaisir » entre un libertin et une femme galante.
Sans doute aurions-nous à tout jamais ignoré cette aventure, s'il n'en subsistait une correspondance retrouvée naguère à la Pierpont-Morgan Library de New York. Miraculeuse découverte ! Non pour ce qu'elle apporte à la biographie de Beaumarchais, dont la réputation de séducteur n'est plus à faire, mais pour la littérature érotique à laquelle elle offre l'un de ses plus précieux fleurons.
Les lettres à Mme de Godeville, au nombre d'une centaine (106 exactement), suscitent les images les plus délicates, les plus audacieuses, les plus brûlantes, en même temps les plus vraies, les plus abandonnées, les moins gourmées que le libertinage des sens ait jamais inspirées à la littérature épistolaire. « Tu ne sais faire l'amour que sur un lit, écrit Pierre-Augustin à sa maîtresse. Il est quelquefois charmant sur une feuille de papier. » Il en donne ici un éclatant témoignage.
Le Barbier de Séville ou La Précaution inutile est une pièce de théâtre française en quatre actes de Beaumarchais, jouée pour la première fois le 23 février 1775. C'est la première partie d'une trilogie intitulée Le roman de la famille Almaviva. La comédie finale comportera quatre actes, dont une grande partie est destinée à la chanson.
Le deuxième volet de la trilogie, Le Mariage de Figaro, ou La Folle journée, est écrit en 1778 et porté à la scène en 1784 seulement. Le troisième, L'Autre Tartuffe ou La Mère coupable, est achevé et joué en 1792.
En 1772, Beaumarchais présente aux comédiens italiens un premier Barbier de Séville, opéra-comique, qui est refusé. La pièce, remaniée, est finalement jouée le 23 février 1775 par le Théâtre-Français. La première représentation déçoit par ses longueurs, mais elle est élaguée par l'auteur en quarante-huit heures, lui conférant un rythme et une vivacité qui lui manquait, et le Barbier de Séville connaît un succès triomphal lors de la seconde représentation le 26 février.
La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais écrite à 46 ans en 1778, lue à la Comédie-Française en 1781, donnée en privé le 23 septembre 1783 dans la maison de campagne du comte de Vaudreil à Gennevilliers (dite château de Gennevilliers)1, mais dont la première représentation officielle publique n'eut lieu que le 27 avril 1784 au théâtre François (aujourd'hui théâtre de l'Odéon), après plusieurs années de censure2 : ce fut un triomphe, un événement, et l'occasion de polémiques. 68 représentations suivirent en huit mois1.
Chef-d'oeuvre du théâtre français et universel, la pièce est en effet considérée, par sa dénonciation des privilèges archaïques de la noblesse et plus particulièrement de l'aristocratie, comme l'un des signes avant-coureurs de la Révolution française, donc comme une oeuvre politique et satire de la société inégalitaire et de la justice vénale d'Ancien Régime. Louis XVI la qualifia « d'exécrable, qui se joue de tout ce qui est respectable » et dont « la représentation ne pourrait qu'être une inconséquence fâcheuse, sauf si la Bastille était détruite ». On attribue au grand révolutionnaire Danton le verdict « Figaro a tué la noblesse ! », et à Napoléon la sentence : « C'est déjà la Révolution en action ! ».
C'est aussi une oeuvre comique au rythme endiablé (la « folie » enfiévrée de la « Folle journée » illustre le comique de répétition, de mots ou de gestes : l'huissier glapit, se lève et rassied comme un pantin pour calmer l'audience ; Brid'oison bégaie ; jeu muet des pantomimes ; « God-dam » de la scène 5 acte III) ; le comique de situation d'une pièce à surprises (quiproquos, péripéties cascadantes, coups de théâtre et rebondissements trépidants autant qu'invraisemblables, déguisements, identités échangées) ; le comique de caractère (Brid'oison juge incapable et sot : le procès qu'il anime est une parodie de justice ; Bartholo médecin et avocat pédant, prétentieux, ridicule ; bonne humeur générale de la pièce grâce à la fraîcheur du jeune, sympathique et délicieux Chérubin, aussi grâce aux danses qui animent la représentation : séguedille, fandango).
Oeuvres complètes de Beaumarchais / précédées d'une notice sur sa vie et ses ouvrages par M. Saint-Marc Girardin http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k29634h