Chiconi-sur-mer est une petite bourgade endiablée de près de 7000 âmes, nichée dans le centre ouest de l'île. A croire qu'ici le diable a pris littéralement possession de tout le monde. On raconte même que les esprits ramenés dans les malles des migrants d'antan continuent à planer sur tout le village. Paraît qu'ils peuplent les vagues qui viennent mourir sur la baie en contrebas. Que les alentours de la rivière qui fend le village en deux leur sert de foyer.
Après ses études supérieures en France, Kassim regagne Mayotte, dans l'archipel des Comores. Depuis plus de deux ans qu'il travaille au service de la Collectivité, il veut maintenant se marier pour voler de ses propres ailes. Il a déjà trouvé la femme de ses rêves, et quelle femme !
L'écriture de Nassuf est celle de la brousse. Une brousse révoltée contre l'inhumanité de l'Homme, contre les attaques incessantes faites à la terre qui l'a fait naître... L'écriture de Nassuf est aussi celle de la Négritude, ce courant enragé qui l'a formé à la poésie. Nassuf ne sait pas ce qu'il veut, ce qu'il doit faire. Ces interrogations, il ne cesse de se les imposer, sans jamais trouver de réponse... Rémi Carayol (Kashkazi, n° 20 décembre 2005).
"Macération verbale, accouchement d'une parole primordiale, celle d'un attachement à une terre dont les fantômes ne finissent pas de hanter dans le jour les enfants que nous sommes. Une écriture pour conjurer le sort. La poésie suivante n'est pas à présenter - c'est la parole de la nuit, qui par les couloirs obscurs, cherchent la lumière du jour. Toutefois, voici une poésie d'ancrage et de relation, une belle ouverture !" (Saindoune Ben Ali).
Haisoratra inaugure une première oeuvre intitulée Esquisses de mes haisoratra Kibushi, dans une langue rare parlée dans une dizaine de communes de Mayotte. Une variation poétique autour entre autres de trois concepts clés de la mythologie kibushi : le fihavanana, le fitiavana et le famboliana.
Le nombre d'hommes, femmes et enfants morts en traversant le bras de mer entre Anjouan et Mayotte est évalué à ce jour à 20 000 âmes. Cette tragédie au quotidien, bien que discrète, élève cette partie du globe au funeste titre de « plus grand cimetière marin ». L'auteur, à travers cette histoire poignante, inspirée de faits réels, cherche à dénoncer la situation douloureuse du peuple comorien, lié historiquement et encore aujourd'hui, à une France qui a sa part de responsabilité...
... je rencontrais une toute belle fille. D'humeur libertine, souriante et radieuse, elle m'était sans complexe irrésistible. Ses gros yeux illustraient la bonne santé. Tombés amoureux de l'un et l'autre elle acceptait de rester jusqu'à tard ce soir-là dans mon banga... Empris des rythmes lointains des tambours, assis sur cette grosse pierre...
Cependant, à la télévision ils annonçaient un autre assassinat au journal de vingt heures.
"Le malgache est parlé aussi en dehors de Madagascar ? Vraiment ? Vous en êtes sûr ? Même parmi ceux qui connaissent bien le malgache, beaucoup ne savent pas que les habitants de Mayotte, l'une des îles des Comores, se partagent entre deux langues maternelles bien distinctes. L'une est le shimaore, un dialecte du comorien - la langue parlée aussi dans les autres îles - et l'autre est un parler malgache, propre à cette île quoique très voisin des dialectes parlés dans le nord de Madagascar. Ses habitants appellent leur langue kibushi kimaore ou (en orthographe malgache, celle qui sera employée ici) kibosy kimaôre, un nom qui veut dire tout simplement « malgache de Mayotte ». - "
« J'ai eu la chance de découvrir Mayotte au cours d'une mission professionnelle. Sous le charme, j'ai immédiatement eu à c?ur de partager cette expérience avec mon mari dès la mission suivante. Très vite, l'idée d'un voyage en famille a semblé évidente... »
Aux Comores, la culture est au quotidien, d'autant plus que le pays est culturellement homogène. Elle est une force unifiante autour de laquelle un peuple se réunit et dont la connaissance permet à la fois aux étrangers amenés à séjourner dans l'archipel et aux Comoriens eux-mêmes de mieux profiter de leur environnement humain.
Il était une fois, dans l'immense océan tout bleu, un petit poisson blanc qui se promenait tout seul. Il n'a pas d'amis...
Ces testaments/poèmes que Saindoune Ben Ali a laissés voudraient être une sanction de l'oubli, des émanations énigmatiques face à ce qui se dérobe sous nos yeux qui refusent depuis longtemps déjà de reconnaître la part de nous-mêmes qui demande à être réhabilitée, une visite des naufragés que la tradition présente comme une attente de nouveaux quais dans le nulle part. Et écrire, c'est pour lui tracer les frontières entre la vacance trouble de ses sommeils et ses rêves han tés par les anciens souvenirs de sa vie, précocement brisée, broyée par son propre peuple.
Le 8 février 1934, Geneviève B. épousait à Paris Alfred Angot, ingénieur agronome, directeur d'un grand domaine de l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores. Débute alors une correspondance assidue avec sa soeur Paule, anthropologue au musée de l'Homme. Chronique de ces temps où la domination de la France sur son empire colonial n'était pas encore remise en question, ces lettres, écrites d'une plume alerte et savoureuse, nous plongent dans tous les détails de l'existence d'une femme de colon...
Cet ouvrage se divise en trois parties : - une introduction générale qui dresse un panorama de la littérature malgache, ses différents genres, ses auteurs majeurs et les liens qui l'unissent aux évolutions politiques du pays ; - une analyse d'un chant traditionnel betsileo ; l'occasion d'en montrer la richesse et combien sa compréhension est liée à la connaissance de la culture qui l'a vu naître ; - une anthologie bilingue malgache-français regroupant une quarantaine de textes littéraires qui, dans leur majorité, n'avaient jamais été traduits jusqu'alors.
Andhume Houmadi évoque la crise sécessionniste qui frappe les Comores depuis 1997. Bien que le titre semble relever d'un vocabulaire propre aux agences de voyage, il se lit comme une réponse distinguée contre l'appellation "îles aux parfums" attribuée aux Comores par la colonisation française. En lieu et place du "parfum", c'est une odeur nauséabonde qui se répand sur l'ensemble de l'Archipel. Un manifeste contre la division, contribuant à exorciser les démons qui se sont emparés de nos îles.
"Nous sommes dans le vertige d'un pays qui vacille. Nous sommes dans un archipel où les frontières pourtant poreuses sont devenues infranchissables. Après les frontières physiques, celles du coeur semblent définitivement obstruées. Comment continuer d'aimer dans ces conditions ? Comme des funambules, les personnages tentent de traverser le fracas de ce chaos sans être fracassés."
Le vent s'envole / La mer elle se meurt / Le ciel lui le regrettera / Ceux qui ont secrètement pleuré l'avenir et qui en porte la cicatrice près de l'épaule, ceux-là sont une lune gravé dans l'écorce. Mais ceux qui ont voulu, avec les mains de l'oppresseur, défaire ces longues rives noires que mutuellent se tressent encore quatre lingères vers le soir, ceux-là ne sont que des pantins aux yeux crevés.
Dans ce recueil, le poète cherche à briser toutes les frontières qui lui sont imposées, parce qu'il a compris que se taire pourrait être considéré comme un crime.ŠVoilà pourquoi, dans ces îles aux cimetières marins, les mots se chargent d'un ton aigupour déshabiller le silence et désensabler ces lieux de nos morts.
L'écriture chez Ahmed Haidar-Gardévou est synonyme de joie. Une écriture de la sincérité, celle d'une âme encore fraîche, soucieuse d'une humanité perdue. Sur les traces de ce poète, vous rencontrerez l'exocet explorant les airs et le monde marin, l'ami longeant le cimetière pour enfants, le chasseur de tourterelles de nos enfances.
Les contes comoriens, c'est avant toute chose, un conteur et une voix. Une voix qui va faire vivre les djinns, les dimkuwu, les orphelines éplorées et leurs mélodies mélancoliques ; une voix qui, dès le préambule, va souligner explicitement que tout conte est un mensonge, mais un mensonge que nul ne doit contester ; enfin une voix qui va, dans la formule finale, exprimer la nécessité que le conte, ce mensonge porteur de vérités, renaisse après chaque fin, après chaque mort symbolique.
"Dans un pays lointain, baigné de lune la nuit et d'un soleil luisant le jour, une jeune femme tombe amoureuse d'un homme au turban doré. Mais qui se cache sous ce turban ? Mystère."
Ce livret propose un essai de traduction écrite, en comorien et en français, d'un choix de sourates du Coran parmi celles qui sont le plus souvent récitées : L'Ouverture, Yâ sîn, L'Evénement,La Royauté, et La Nouvelle.
Il a comme objectif principal de contribuer à l'instruction religieuse de nos jeunes...
"« ... Devant le silence de l'assistance, Omar s'apercevra que l'heure était largement dépassée et se laissera aller à une tape sur la tête de l'un des élèves pour signifier la fin du cours. Avant de se quitter, ces derniers observeront sa démarche nonchalante, traînant les pieds dans la poussière, sa canne tournoyant autour de ses doigts, sa djellaba s'éventant derrière lui. Ils ne se douteront point que dans son esprit, bourdonnait un monde où la croyance, la science et la tolérance concilieraient leur existence... Un monde où, plus que les anges, les prophètes et leurs compagnons, (il) se sent en droit d'espérer sa part de symbiose avec le temps, l'espace et l'Invisible, sa part d'harmonie avec la matière, l'esprit et l'Impensé... »"
"Sayi-Daly et ses compagnons, jeunes collégiens, arrêtés pour contestation, sont les victimes d'une violence barbare perpétrée par les affreux commandos Mwasi, milice du Mongozi, le Guide Révolutionnaire qui fait régner sur son peuple sa dictature absurde et sanglante. Dans ce pays déserté par les djinns et les anges, les survivants ont peur de s'exprimer. Les brimades, les tortures et les assassinats se succèdent, précipitant indéniablement la dictature dans sa chute fatale."