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Alors qu'ils traversent les montagnes albanaises en plein hiver, le colonel André Ordioni et son régiment découvrent les corps gelés d'une patrouille austro-hongroise, surprise par la tempête. La guerre secoue encore l'Europe en cette année 1917, et la France et l'Autriche-Hongrie sont ennemies. Mais ces hommes, endormis pour toujours par le froid, loin du champ de bataille, touchent le colonel qui leur offre une sépulture et des tirs d'honneur. Dix ans plus tard, la détresse, d'un couple autrichien fait ressurgir les souvenirs de la guerre. Parmi les soldats enterrés, il y a leur fils. Ce fils jamais rentré, jamais retrouvé, ce fils qui les hante. Pour enfin faire leur deuil, il leur faut le ramener chez eux. Mais seul le colonel Ordioni peut retrouver l'emplacement de la tombe. Ce retour en Albanie lui montre toutes les plaies, mais aussi tous les liens fraternels, que la douleur et la guerre laissent dans leurs sillages. Partant de cette histoire découverte dans les lettres du véritable colonel Ordioni, Luan Rama défend avec délicatesse sa certitude que la compassion trouve toujours un chemin, même en temps de guerre.
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Et que tout le monde le sache, non seulement tout le monde, mais toute l'Albanie : nos verres se nous tombent jamais des mains ; et nous crierons sans trève :
Nous mourrons le verre en main Couronnés comme des gens mariés.
Mitrush Kuteli - de son véritable nom Dhimiter Pasko - fit partie de l'élite littéraire et scientifique albanaise des années quarante. Docteur en sciences économiques, ethnologue et nouvelliste, il fut emprisonné, torturé et interdit de publication car considéré comme ennemi du parti.
Traduit ici par Klara Buda, le récit Mon village sait boire le raki rend compte de l'atmosphère et du registre singulier de cet auteur sans égal, père fondateur de la prose moderne albanaise dont Ismail Kadare reconnaîtra l'influence dans son écriture, et qui restera pour son pays ce que furent sous d'autres cieux un Perrault ou un Andersen. -
« Chacun voyait l'autre par la lunette de son fusil. Le Croate détestait le Serbe, le Serbe détestait le Croate, le Bosniaque, l'Albanais et le Hongrois. Le Slovène ne détestait personne. Le Monténégrin détestait ceux qui détestaient le Serbe, tandis que le Slave macédonien ne détestait que l'Albanais indigène de sa république. Une hiérarchie des haines qui se dressait comme une pyramide d'État. »
Après Les oisillons du coucou (Fauves, 2022) couronné du Prix Kadaré (2021), Gani Mehmetaj plonge sa plume dans le chaudron bouillonnant de l'un des conflits les plus meurtriers de la péninsule balkanique. -
La ville fictive d'Horketa est frappée par une épidémie mystérieuse : les habitants sont atteints d'une paralysie qui séme la panique. La peur l'emporte sur le défi sanitaire à relever collectivement, tandis que les puissances voisines leur tournent le dos en fermant leurs frontières.
Araniti Lumbardi, en charge de gèrer cette crise en tant que président du Comité de Salut, n'en demeure pas moins fragile, solitaire et superstitieux. Traité comme un roi, il porte seul le fardeau des responsabilités face aux adversités extérieures et intérieures, y compris lorsque les traitrises émaneront de son cercle proche. Dans une posture sacrificielle, il assumera seul toutes les fautes et le sang versé.
Traduit pour la premiére fois en français, Zija Çela nous plonge dans son monde métaphorique de lieux imaginaires, qui refléte comme souvent la réalité contemporaine d'une crise de perte des valeurs humaines dans son pays - l'Albanie - comme dans l'Europe qui l'entoure.
Avec le soutien du Centre National du Livre et de la Lecture (Albanie) -
Sur la route qui ramène Dalia dans son village, les souvenirs refont surface. Le fleuve, les champs de blé, sa vie de jeune femme, la mort de son mari et le choix, terrible: quitter la maison familiale et abandonner son fils, ou épouser le frère de son défunt mari. Dans le silence des montagnes, la voix de Dalia s'élève et livre le récit d'une vie où la loi du Kanun rythme inexorablement le destin des femmes. Et Nadia, la femme de son petit- fils, l'écoute, fascinée par ce monde de traditions que la modernité est en train d'engloutir. Luan Rama tisse avec délicatesse les fils d'un monde aujourd'hui disparu pour faire revivre les coutumes et les mythes des montagnes albanaises.
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« Nous croyons effacer le passé en ne l'évoquant pas, mais nous n'effaçons ni les griefs, ni les haines, bien enracinés, et prêts à repousser à la moindre occasion. Tu sais, la vérité que les journalistes et les chroniqueurs nous servent n'est qu'une infime partie de la réalité, dépouillée de ses strates les plus anciennes et assurément, les plus significatives. Nous n'avons toujours pas écrit notre véritable histoire et celle qu'on nous propose, nous l'avons modelée et remaniée au fur et à mesure, selon ce qui nous arrangeait, embellissant éhontément les événements pour les faire aller dans le sens de l'édification du récit national, rejetant les épisodes les moins glorieux, et tout ça, en fonction des circonstances et du goût de ceux qui détiennent le pouvoir. Tantôt victimes de conspirations internationales, tantôt héros indomptables ou chevaliers solitaires affrontant le monde entier, nous nous prenons pour le peuple élu du Seigneur, ayant pour mission de réprimer des voisins foncièrement hostiles. » Hanté par les souvenirs d'une guerre fratricide, Dragan, fils de colons serbes, revoit son enfance et son adolescence se dessiner à la lumière du drame qui déchira le Kosovo.
Couronné du Prix Ismaël Kadaré (2021) pour Les oisillons du coucou et traduit pour la première fois en français, Gani Mehmetaj dénoue le fil des événements qui conduisirent Albanais et Serbes à s'affronter dans l'un des conflits les plus tragiques du XXe siècle.