À lire Alexandre Pouchkine on a l'impression qu'il pense en vers tant sa poésie coule de façon limpide. Quand il commence à écrire Eugène Onéguine, le poète a laissé derrière lui sa période romantique. Le ton est libre, tour à tour grave, mélancolique, empreint d'humour. Pouchkine porte un regard pénétrant, voire caustique, sur les castes dirigeantes et nous dépeint le petit peuple, le monde du théâtre et de la littérature. Si son héros donne son nom au roman, c'est avec amour que Pouchkine trace le portrait de Tatiana, jeune femme aux hautes aspirations morales, sensible et cultivée.
Le Tao Te King, composé avant l'ère chrétienne par Lao Tseu est l'un des textes de sagesse les plus réputés de l'Antiquité. Ce poème scintille par sa simplicité et sa force intérieure : ses quatre-vingt-une facettes dessinent subtilement l'horlogerie du monde. C'est en poète qu'Antoine de Vial s'est attelé à rendre, dans une écriture qui respire, l'un des grands poèmes humains.
"Isaac Emmanouilovitch Babel (1894-1940) est né dans une famille de commerçants d'Odessa, où il a vécu deux pogroms : en 1903 et 1905. Il participe activement à la révolution bolchévique, dans la cavalerie rouge de Boudionnyi. Les Contes d 'Odessa, écrits de 1926 à 1937, célèbrent la vie truculente des bas-fonds juifs de ce grand port de la mer Noire qu'est Odessa. Ces contes gorgés d'énergie solaire sont autobiographiques, comblés de la nostalgie de Babel pour le Yiddisland révolu de son époque."
Andreï Kovrine, un professeur de philosophie en proie à une exaltation démesurée, a des hallucinations qui provoquent l'effroi de son entourage. Il est interné de force et tout bascule.
La nouvelle Le Moine noir, publiée en 1894, rapproche Tchekhov de Dostoïevski, de Kafka, de Joyce. Les nombreuses questions existentielles, métaphysiques, restent obstinément sans réponse.
Ce roman se présente comme le journal d'un programmeur kyïvien trentenaire qui commente douloureusement la mondialisation de la désinformation et la virtualisation des sentiments au tournant du millénaire. Né en 1968, année de l'invasion de Prague par les Soviétiques, ce héros souvent impuissant décrit le crescendo de catastrophes qui a marqué les années 1999 à 2004. Plus encore qu'une chronique, ce roman est un avertissement : les tragiques événements des dernières années en Ukraine y sont annoncés en creux. Et surtout, c'est un livre de combat, car le héros tente de combler le fossé qui chaque jour se creuse entre l'homme et la femme, entre les hommes d'hier et d'aujourd'hui, entre l'Europe et une Ukraine devenue un terrain d'affrontement entre des mondes antagonistes. Aussi ces annales de la folie ordinaire et du courage extraordinaire des citoyens ukrainiens s'achèvent-elles sur l'évocation de la fameuse Révolution orange, véritable Jour de colère dont est née la société civile ukrainienne.
"Portrait littéraire d'une région aujourd'hui ravagée par la guerre, l'anthologie du Donbas réunit des écrivains originaires de l'est de l'Ukraine, qu'ils ont dû quitter temporairement, mais qui est toujours présent dans leurs coeurs et dans leurs esprits."
Bienvenue au togo, en albanie, à chicago, oú que ce soit, mais bienvenue en dictatures, en colonies ou en ghettos.
Ici la ville appartient aux soudards, aux gaz lacrymogènes et aux machettes. en contrepoint de cette vie méprisée et battue, il y a le jazz, porteur d'espoir autant que d'identité. les nouvelles de kangni alem, au style vif et protéiforme, prennent tous les biais pour porter un message fort de résistance et de combat.
Glauber Rocha, à peine âgé de 24 ans, mais déjà auteur de Barravento (1961), est en pleine réalisation de Le Dieu noir et le diable blond quand il publie Révision critique du cinéma brésilien en 1963. Malgré le véritable désert en livres d'histoire ou d'esthétique du cinéma qu'il affronte alors, le jeune créateur, producteur, journaliste et critique, cherche cependant à se situer dans une histoire du cinéma national et mondial. C'est ainsi qu'il dégage une ligne directrice lui permettant de désigner Humberto Mauro comme le père du cinéma brésilien. Il n'épargne guère la tentative d'industrialisation de la Vera Cruz, ni la production de chanchadas, pour exposer ce que devrait être le vrai cinéma selon lui. Théoricien, polémiste et militant, il définit les caractéristiques du cinema novo en train de naître, avant d'être stoppé par le coup d'État de 1964. L'édition que Sylvie Debs a très judicieusement choisie de traduire ici est celle d'Ismail Xavier_ le plus éminent interprète de Glauber Rocha _ enrichie, qui plus est, par une préface de Paulo Antonio Paranagua, historien du cinéma et journaliste, grand passeur des cinémas d'Amérique latine en France.
Considérant le cinéma comme un point de vue pour rééchir sur la société, José Carlos Avellar part d'un regard comparatiste pour analyser les tensions actuelles. Si en 1960, le cinéma portait un projet politique nourri d'espoirs où l'individu représentait la collectivité, le cinéma des années 1990 interroge le réel à partir de destins individuels où les relations familiales miment la scène politique et sociale. L'augmentation de personnages élevés sans père renvoie à l'absence d ´État. Et quand le père se manifeste, c'est à l'égal de la violence exercée par l'État. Reste alors comme figure centrale celle de la mère, qu'elle soit biologique ou d'adoption. Pour nourrir sa réflexion, l'auteur recourt à Kafka, Louise Bourgeois, Sigmund Freud, Octavio Paz, Carlos Fuentes, Sérgio Buarque de Holanda et la mythologie grecque. Il abolit toutes les frontières : documentaire, fiction, image, représentation, réalité, rêve, cadre, hors cadre. Ce jeu constant de mise en perspective du réel à travers l'image pour faire voir quelque chose de ce réel, est ce qui guide la lecture du monde que fait José Carlos Avellar à travers le cinéma.
Après une entrée fracassante sur la scène politique lors du procès Blaise Diagne, l'ancien tirailleur sénégalais Lamine Senghor se lance corps et âme dans le combat anticolonisaliste jusqu'à sa mort prématurée en 1927. Ce livre rassemble pour la première fois ses écrits dispersés, dont La violation d'un pays (1927), allégorie anticolonialiste d'une violence étonnante.
"Compris dans l avant garde artistique du XXe siècle par sa position politique radicale et une réflexion permanente sur le rôle du théâtre, dont il questionne de manière incisive la vocation institutionelle visant à plaire, le Living Teatre propose une relation interactive entre l acteur et le public. Ces derniers doivent contester ensemble les conventions établies d un théâtre fondé sur l lillusion. ""Paradise Now"", création théâtrale collective exprimabt l esprit de révolte du temps, recherche le paradis et l Utopie ""hic et nunc"" à travers la détermination infatigable de mener à bout l entreprise théâtrale par l action, la rebellion et la révolution anarchique non-violente. Le 24 juin 1968, la première de paradise Now à Avignon est une révolution dans le théâtre : la plus accomplie de leur performances représente l apogée de leur création artistique, transgressant la frontière scène-salle et la bienséance bourgeoise."
"Yûnus Emre (1240-1320) naît l année où meurt ibn Arabî, le grand maître andalou qui a révolutionné la pensée dans le cadre du soufisme. Il est l'auteur d'un grand recueil de poèmes spirituels et d'un long poème de jeunesse didactique qui ont constitué le fond sur lequel la poésie turque anatolienne s'est développée. Il représente de manière exemplaire la contestation spirituelle du soufisme institutionnel que Hallâj inaugura. C'est pourquoi, si sa poésie peut être rapprochée de celle de Rûmî, elle témoigne d'une radicalité plus grande encore. Il frappe de son ironie irrespectueuse, déjouant a fascination mystique dont s alimente le soufisme et chante l amour de l aimée dans la dépossession de soi. - - - "
"Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, René Debs a 14 ans. Il fera partie des quelque 130 000 incorporés de force à partir de février 1943 pour combattre aux côtés de l'ennemi. Ce qui frappe avant tout dans ce récit, c'est la capacité à se défendre coûte que coûte, à compter sur l'amitié de ses camarades, à crier son incompréhension devant tant de barbarie, tout en gardant la fraîcheur d'âme d'un jeune soldat malgré lui, qui partage ses émotions lors des rares moments de répit. Il sera l'un des rescapés de la terrible bataille de Budapest de décembre 1944, et fêtera ses 20 ans quatre mois après son retour de guerre. - - "
Ce pourrait être une belle histoire à la gloire de l'empereur de Chine, un hymne à la magnificence de la soie, un tableau composé de fleurs de pêcher et de rizières à perte de vue. Mais l'empereur est un gnome bedonnant, la soie se fabrique dans l'enfer bouillant de l'esclavage et le riz est l'aune à laquelle se mesure la famine.Tsao et Jing-Ling raconte le périple de deux enfants arrachés à leur famille pour être esclaves dans une usine de soie à Pékin. Réquisitoire sans concession d'une Chine impériale qui disparaît et d'une société plus juste qui tarde à se mettre en place, le récit dépasse ce cadre strictement géographique : tout à la fois roman et document sur le travail des enfants et des femmes en général, il confronte les lecteurs de tous âges au pouvoir de la révolte et de l'indignation quand elles se fondent sur la solidarité et l'amour de la liberté. À partir de 12 ans.
Best-seller en Iran, ce livre, qui a donné lieu à une série de télévision iranienne, met en scène une famille de la classe ouvrière qui vit dans un modeste logement habité également par plusieurs familles. La famille s'apprête à recevoir un jeune couple. Cette visite donne lieu à toute une série d'incidents décrits avec un grand sens de l'humour...
Ce livre est consacré au personnage principal du cinéma moderne brésilien des années 60 : Glauber Rocha. Son oeuvre révélatrice du "cinéma novo" alliant esthétique et politique de façon originale est bien connu des cinéphiles et suscita de nombreuses études en Europe. Ce livre constitue la contribution la plus solide à sa compréhension.
Une fois le talent - la muse - posé en principe, toute oeuvre d'art est le fruit du travail. Cette pochade, sur l'artificiel et le naturel, à travers deux figures, la ballerine et la danseuse d'expression, est un ardent plaidoyer en faveur de l'exercice quotidien du métier, du travail quasi monacal de l'artisan, dans les limites imposées par des règles intangibles, aux antipodes de la démesure. Afin d'aboutir à l accomplissement de l'oeuvre d'art. Dans ce texte écrit en 1963, Günter Grass part d'un modèle conventionnel, même s'il fut sans doute inspiré par sa première femme, danseuse classique, pour énoncer des principes applicables à l'art de l'écrivain, du peintre ou à celui de tout artiste.
Miniyah est une jeune métisse parisienne. Elle veut découvrir le fleuve Niger. Elle se rend donc en Afrique. Un jour, en compagnie de Zubulu, son grand-père, ils longent le cours d'eau et ils tombent sur un peuple qu'on appelle " les hommes bleus ". Leur rituel de prière la méduse. Elle interroge son grand-père à propos de cette pratique. Au vieil homme de lui répondre : " C'est leur manière de rendre grâce à Dieu pour son amour. ". " Dis ! Dis-moi grand-père ! Qu'est-ce que l'amour ? " répliqua-t-elle. Le vieux sage tente de dévoiler à sa petite-ille le mystère qui entoure ce beau mot à travers un conte.