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L'Herne
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Le convoi entre dans le cimetière Montparnasse.
Il faut aller tout au bout, la sépulture des Verteuil est au fond, à gauche : un grand tombeau de marbre blanc, une sorte de chapelle, très ornée de sculptures. On pose le cercueil devant la porte de cette chapelle, et les discours commencent. Il y en a quatre.[...] Pendant ce temps, les assistants s'intéressent aux tombes voisines, lisent des inscriptions sur les plaques de marbre. Ceux qui tendent l'oreille, attrapent seulement des mots.
Un vieillard, aux lèvres pincées, après avoir saisi ce bout de phrase : "Les qualités du coeur, la générosité et la bonté des grands caractères... ", hoche le menton, en murmurant : Ah bien ! Oui, je l'ai connu, c'était un chien fini... Avant-propos de François L'Yvonnet.
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Stendhal a tiré une nouvelle remarquable d'un épisode tragique de la vie des Cenci, grande famille patricienne romaine qui disait compter dans sa parentèle le consul romain Crescentius et qui donna à la papauté un certain nombre de grands serviteurs.
La figure la plus connue de la famille fut Francesco (ou François), qui défraya la chronique judiciaire de la fin du xvie siècle, sous le pontificat de Clément VIII. Un véritable tyran, corrompu et cruel.
Il eut quatre fils et deux filles, dont Béatrix (ou Béatrice), auxquels il infligea toutes sortes de sévices, en particulier l'inceste.
Aidée de deux de ses frères, de sa soeur Lucrezia et de sa bellemère, Beatrix fit assassiner son père par des sicaires. Accusés de parricide, ils furent condamnés à l'échafaud par la justice du pape (malgré le crime d'inceste perpétré par le père sur sa fille) et exécutés le 11 décembre 1599. À l'exception du benjamin, qui futenvoyé aux galères, après avoir du assister au supplice des siens. Béatrix, surnommée la « belle parricide », devint une véritable icône pour la foule romaine.
Leur histoire a inspiré nombre de peintres et d'écrivains, en particulier romantiques, de Shelley à Artaud en passant par Dumas.
Le traitement stendhalien de l'affaire insiste particulièrement sur la dimension instinctive des personnages (beaux spécimens de la « plante humaine », dira-t-il), indifférents à l'hypocrisie sociale. Mais aussi sur la révolte et le courage de Beatrix Cenci dressée contre un père qui est une sorte de Don Juan sans scrupule.
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« Il ne restait jamais sur la même île plus d'un mois ou deux, juste le temps de se familiariser avec l'endroit, sans laisser aux gens du coin le temps de trop bien le connaître. Toutes les fois qu'un imbécile lui demandait "Tu fais quoi dans la vie, le môme ?", il savait qu'il était temps de déguerpir, et sans traîner. C'est une drôle de question, d'ailleurs, tu fais quoi dans la vie ? Vous l'a-t-on déjà posée ? C'est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas ; elle met la vie en minorité, si l'on peut dire, elle la relègue au deuxième rang, comme si ce n'était pas assez d'être vivant, comme s'il fallait encore pater un tribut. » Romain Gary